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sur-le-champ, nous le brisons. Le coffre ayant donc été ouvert, et les linges écartés, ils y trouvèrent Parthénius et l’en tirèrent, s’applaudissant de leur découverte et disant : « Dieu a livré notre ennemi entre nos mains. » Alors ils lui coupèrent les poings, lui crachèrent au visage ; et lui ayant lié les bras derrière le dos, ils le lapidèrent contre une colonne. Il avait été très vorace ; et, pour pouvoir plus promptement recommencer à manger, il prenait de l’aloès qui le faisait digérer très vite : il laissait échapper en public le bruit de ses entrailles sans aucun respect pour ceux qui étaient présents. Sa vie se termina de cette manière.

Il y eut cette année un hiver très rigoureux et plus âpre qu’à l’ordinaire ; tellement que les torrents enchaînés par la gelée servaient de route aussi bien que la terre. Comme il y avait beaucoup de neige, les oiseaux, accablés de la rigueur du froid ou de la faim, se laissaient prendre à la main et sans qu’on eût besoin de leur tendre des piéges. On compte trente-sept ans de la mort de Clovis jusqu’à celle de Théodebert. Théodebert étant mort la quatorzième année de son règne[1], Théodebald son fils régna à sa place.


Livre troisième – Notes complémentaires

i. C’est le carré d’étoffe orné d’or et de pierres précieuses que le Grand prêtre des Juifs portait sur la poitrine et au centre duquel était écrit le nom de Dieu.

ii. Voici les versets dont Grégoire de Tours fait cette bizarre application :

Créez en moi, ô mon Dieu ! un cœur pur, et rétablissez de nouveau un esprit droit dans le fond de mes entrailles.

Ne me rejetez pas de devant votre face, et ne retirez pas de moi votre esprit saint.

Rendez-moi la joie qui naît de la grâce de votre salut, et affermissez-moi en tue donnant un esprit de force.

(Psaumes, 56, 10-12)

iii. Théodoric avait pour capitale Reims ; Chlodomir, Orléans ; Childebert, Paris ; Clotaire, Cambrai et Tournai.

iv. Fils de Sidoine Apollinaire, et le même qui conduisit les Arvernes à la bataille de Voulon-sur-le-Clain, que nous avons nommé par erreur Vouglé dans le deuxième livre. Il fut le père d’Arcadius, dont il es parlé ci-dessous.

v. On a vu, dans le livre précédent, que Quintien avait été chassé de Rodez par les Goths ariens, à cause de sa prédilection pour les Francs catholiques.

vi. On ne connaît pas autrement ce personnage.

vii. Il s’étendait de l’Elbe au Necker, si l’on peut assigner quelques limites précises à un royaume dans l’état de fluctuation où étaient alors les peuples barbares.

viii. Elle était fille d’Amalafride et sœur de Théodoric le Grand, roi des Ostrogoths.

ix. Monasterium Agaunense, dans le diocèse de Sion en Valais, au pied du Saint-Bernard.

x. À deux lieux d’Orléans.

xi. Près de ce bourg se trouvait en effet un puits nommé, dans quelques anciennes chartes, puits de Saint-Sigismond, ou par contraction, de Saint-Simond. Sigismond fut placé au nombre, non seulement des saints, mais des martyrs, d’après l’usage de ce temps qui honorait du titre de martyrs tous les innocents massacrés sans raison.

xii. Virontia ou Visorontia (Isère). Selon d’autres, Voiron en Dauphiné.

xiii. Ce récit se rapporte à d’antiques dissensions entre les Francs et les Thuringiens.

xiv. Le poète Fortunat, qui passa une partie de sa vie à Poitiers, devint le commensal et l’ami de sainte Radegonde et il a raconté d’après elle, dans un poème plein de sauvage beauté, la ruine des rois de Thuringe. Il était aussi l’ami de Grégoire de Tours.

xv. Il était le fils de l’évêque Apollinaire cité plus haut.

xvi. Ce ne fut pas en Espagne, mais en Languedoc près de Narbonne, que Childebert rencontra l’armée d’Amalaric qui venait à sa rencontre ; il la battit, et Amalaric s’enfuit à Barcelone où il fut tué. Le Languedoc ou Septimanie appartenait alors aux rois Visigoths.

xvii. C’est-à-dire des catholiques, par opposition aux ariens.

xviii. Il paraît cependant, par la chronique de Marius d’Avenches, qu’il y envoya Théodebert son fils.

xix. Près de Thiers (Puy de Dôme). Il faut rapprocher de ce texte la vie de saint Quintien, dans la Vie des Pères, ch. IV.

xx. I Thessaloniciens, 5, 3.

xxi. Dans le Cantal, arrondissement de Mauriac.

xxii. Château fort prés de Brioude en Auvergne ; ou, selon Valois et dom Bouquet, Vitry le François en Champagne.

xxiii. Il faut probablement lire la Meuse qui coule en effet entre Trêves et Reims.

xxiv. Cette phrase semble indiquer que Léon était nègre ; on ne peut douter qu’il n’y eût déjà, sous les Romains, des esclaves noirs dans la Gaule.

xxv. On ne prenait de nourriture le dimanche qu’après la messe (Dom Ruinart).

xxvi. Attale fut dans la suite comte d’Autun ; c’est à lui qu’est adressée la lettre 18 du livre V de Sidoine Apollinaire (Dom Ruinart).

xxvii. Près Billom (Puy de Dôme).

xxviii. Il fut évêque de Bourges de 506 à 511.

xxix. Cette partie de texte n’est pas en accord avec la fin du livre II et la fin du livre X, quant au temps et à l’ordre où se présentent les évêques de Tours.

xxx. Depuis Sainte-Geneviève. Quant à la date où se place le meurtre des enfants de Clodomir, les historiens varient entre les années 526 à 538.

xxxi. Il était bisaïeul de Grégoire de Tours.

xxxii. C’est-à-dire les Ostrogoths, qui, traversant les Alpes pour venir au secours des wisigoths leurs frères dépouillés par Clovis, arrêtèrent les progrès des Francs.

xxxiii. Deus castrum, Diou en Languedoc suivant Ad. de Valois ; suivant d’autres Montadié près de Béziers ; plus probablement Die (Hérault).

xxxiv. L’auteur des Gestes des Francs, Frédégaire, chap. 24, appelle cette forêt Aretaunum ; il s’agit de la forêt de Brotonne (Seine Maritime).

xxxv. Ce paragraphe, ainsi que le suivant, est rempli de fables et de faits dénaturés.

xxxvi. Ce récit de Grégoire de Tours est complètement faux ; Audoflède, sœur de Clovis et femme de Théodoric, était morte avant son mari. Théodoric ne laissa qu’une fille, Amalasonthe, veuve elle-même à l’époque de sa mort, et qui gouverna sagement le royaume des Ostrogoths, au nom de son jeune fils Athalaric. L’ayant perdu en 534, elle associa à l’empire son cousin Théodat ou Theudès qui, voulant régner seul, la fit étrangler dans une île du lac de Bolsène. Quelque bruit confus avait probablement fourni à Grégoire de Tours cette occasion d’imputer à des Ariens un crime de plus.

xxxvii. Théodebert était entré en Italie comme allié des deux peuples qui se la disputaient alors, les Ostrogoths et les Grecs ; il avait promis ses secours à l’un et à l’autre, et leur fit la guerre à tous deux, uniquement occupé de faire, pour son propre compte, des conquêtes et du butin. Cependant le résultat de cette expédition fut la cession, au roi Franc, des provinces que possédaient encore les Ostrogoths, et que réclamaient toujours les empereurs de Constantinople, dans le midi de la Gaule. Vitigès, roi des Ostrogoths, en fit l’abandon à Théodebert en 539, et Justinien le confirma en 540, en renonçant formellement à tous ses droits.

xxxviii. En 547. C’est probablement la partie de l’Italie située au nord du Pô, qui est appelée ici basse Italie.

xxxix. Les événements sont défigurés et les temps confondus dans ce récit.

1° Ce ne fut point sous le règne de Théodebert, mais en 553, sous celui de son fils Théodebald, qu’eut lieu la grande expédition dont parle ici Grégoire de Tours, et dans laquelle les bandes barbares, sous la conduite de Buccelin et de Leutharis, pénétrèrent jusqu’à l’extrémité de l’Italie. En 540, Théodebert se retirant d’Italie y avait, à la vérité, laissé ou renvoyé le duc Buccelin à la tête d’une armée ; mais rien n’indique qu’à cette époque les Francs aient dépassé les contrées septentrionales.

2° Tout porte à croire que Buccelin, duc des Allemands placés sous la domination des rois d’Austrasie, entreprit la seconde expédition, non par ordre du roi Théodebald, mais pour son propre compte et à la tête d’une multitude de barbares qu’attirait en Italie le désir du pillage, comme aux premiers temps de leurs invasions dans l’Empire.

3° Enfin Buccelin ne fut point toujours vainqueur des Grecs et de Narsès ; il succomba au contraire près de Capone, comme le dit ailleurs Grégoire lui-même, et fut tué dans la bataille. Plusieurs autres chefs Francs, Allemands, Thuringiens, se ruèrent, vers la même époque, sur l’Italie, appelés tantôt par les Ostrogoths, tantôt par les Grecs, et ne servant ni l’un ni l’autre parti. La guerre et le climat dévorèrent ces bandes errantes qui ne formèrent aucun établissement ; et s’il fallait en croire Agathias, il ne resta de celle de Buccelin que cinq hommes qui parvinrent seuls à retourner dans leur pays.

  1. En 547.