Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/177

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Injuriosus mourut dans la dix-septième année de son épiscopat. Il eut pour successeur Baudin [en 546], qui avait été domestique i du roi Clotaire. Ce fut le seizième évêque depuis la mort de saint Martin.

Conan, comte des Bretons, tua ses trois frères. Voulant aussi tuer Mâlo [Macliau], il le fit prendre et charger de chaînes, et le retenait dans une prison. Mais celui-ci fut arraché à la mort par Félix, évêque de Nantes. Il jura à son frère qu’il lui serait fidèle ; mais je ne sais à quelle occasion il voulut rompre son serment, et Conan, en étant informé, recommença à le poursuivre. Mâlo, voyant qu’il ne pouvait échapper, s’enfuit chez un autre comte de ce pays, nommé Chonomor. Celui-ci apprenant que les gens qui le poursuivaient s’approchaient, le fit cacher sous terre dans un petit réduit, et il fit construire au-dessus un tombeau selon l’usage, lui réservant une ouverture, afin qu’il pût respirer. Il dit ensuite aux hommes, lorsqu’ils furent arrivés : Voici, Mâlo est mort et enseveli. Sur ce les hommes, se réjouissant, se mirent à boire sur le tombeau, et allèrent annoncer à Conan que son frère était mort ; à cette nouvelle, Conan s’empara de tout le royaume. Les Bretons, depuis la mort du roi Clovis, ont toujours été sous la puissance des rois des Francs, et ils avaient des comtes, non des rois[1] ii. Mais Mâlo, sortant de dessous terre, se rendit dans la cité de Vannes, où il fut tonsuré et ordonné évêque, Conan étant mort, il apostasia, et ayant laissé croître ses cheveux, il prit, avec le royaume de son frère, la

  1. La Bretagne n’était point soumise aux rois Francs ; seulement quelques-uns des ducs ou comtes qui y régnaient leur payaient des tributs, et leur reconnaissaient une sorte de souveraineté.