Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/188

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sance des lettres, tant ecclésiastiques que mondaines. Il était cher aux Juifs, et s’adonnait beaucoup à eux, non pour leur salut, comme ce devrait être le soin d’un pasteur, mais pour leur acheter différentes choses ; et, comme ils le caressaient et se montraient hautement ses flatteurs, ils lui vendaient leurs marchandises à un prix fort au-dessus de ce qu’elles valaient.

En ces jours-là, Chramne résidait en Auvergne et y faisait beaucoup de choses contre la raison, ce qui précipita sa sortie de ce monde, car il était fort maudit par le peuple ; il n’aimait aucun de ceux qui pouvaient lui donner des conseils bons et utiles. Mais il rassemblait autour de lui des hommes de bas lieu, jeunes, sans mœurs, et il se plaisait tellement avec eux qu’écoutant leurs conseils, il faisait enlever des filles de sénateurs à la vue de leurs pères. Il dépouilla injurieusement Firmin du titre de comte de la ville et mit à sa place Salluste fils d’Évode ; Firmin se réfugia dans l’église avec sa belle-mère. C’étaient alors les jours du carême, et l’évêque Cautin se disposait à se rendre dans la paroisse de Brioude en chantant les psaumes, selon que l’avait institué saint Gal, ainsi que nous l’avons dit ailleurs. L’évêque sortit donc de la ville avec beaucoup de larmes, craignant qu’il ne lui arrivât quelque malheur en chemin, car il avait appris les menaces du roi Chramne. Pendant qu’il était en route, le roi envoya Imnachaire et Scaphtaire les premiers auprès de lui, et leur dit : Allez et tirez par force de l’église Firmin et Césaire sa belle-mère. L’évêque étant donc parti, comme je l’ai dit, en chantant des psaumes, les envoyés de Chramne entrèrent dans l’église et tachèrent de persuader Fir-