Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/204

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sur un chariot rempli d’épines, on le conduisît en exil, et il dit : « Crois-tu donc qu’il n’y ait pas au-dessus de vous quelqu’un des fils du roi Clotaire pour maintenir ce qu’a fait son père, qu’on ose ainsi rejeter, sans nous en demander notre avis, l’évêque nommé par sa volonté ?  » Et aussitôt ayant envoyé des religieux, il rétablit l’évêque dans son siège, et fit aussi partir quelques-uns de ses camériers, qui obligèrent l’évêque Léonce à payer mille pièces d’or, et imposèrent aux autres évêques une amende proportionnée à leurs facultés, et ainsi fut vengée l’injure du prince. Après cela il prit en mariage Marcovèfe, sœur de Méroflède, pour laquelle cause l’évêque de Saint-Germain les excommunia tous deux ; mais comme le roi ne voulait pas la renvoyer, elle mourut frappée du jugement de Dieu. Le roi Charibert lui-même mourut peu de temps après elle[1] [Paris, entre 567 et 570], et après sa mort Teutéchilde, l’une de ses femmes, envoya des messagers au roi Gontran, et s’offrit à lui en mariage. Le roi répondit : « Qu’elle vienne à moi sans retard avec ses trésors, je la prendrai pour femme et la rendrai grande aux yeux du peuple, afin qu’elle jouisse avec moi de plus d’honneurs qu’elle n’en a eus avec mon frère qui vient de mourir. » Elle, joyeuse de cette réponse, rassembla tout ce qu’elle possédait et vint vers lui. Ce que voyant le roi, il dit : « Il est plus juste que ces trésors soient en mon pouvoir qu’au pouvoir de celle-ci que mon frère a fait honteusement entrer dans son lit. » Alors lui enlevant

  1. En 567.