Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/216

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clergé dans la cathédrale d’Auvergne, ne promit rien ; mais cependant il fut nommé, et se rendit près du roi. Firmin, comte de la cité, voulut lui faire obstacle ; mais il n’y alla pas lui-même. Les amis qu’il avait chargés de cette affaire demandaient au roi de laisser passer au moins un dimanche sans faire consacrer Avitus ; ils offraient, pour cet ordre, de donner au roi mille pièces d’or ; mais le roi n’y voulut pas consentir : il se trouva donc que le bienheureux Avitus, alors archidiacre, comme nous l’avons dit, de la cité d’Auvergne, élu par le peuple et le clergé dans l’assemblée générale des citoyens, parvint au siége épiscopal ; et le roi se plut à lui faire tant d’honneur que, passant par-dessus la rigueur des canons, il ordonna qu’il fût consacré en sa présence, afin, disait-il, que j’obtienne de sa main des eulogies[1] xxxix ; et, par sa grâce, il le fit consacrer dans la ville de Metz. Parvenu à l’épiscopat, Avitus se rendit grandement recommandable, dispensant la justice au peuple, ses richesses aux pauvres, ses consolations aux veuves, et tous les plus grands secours aux orphelins. L’étranger qui venait vers lui en était tellement chéri qu’il croyait retrouver en lui et père et patrie. Il florissait ainsi dans de grandes vertus, conservant de tout son cœur les choses agréables à Dieu,

  1. Le mot Eulogia avait, à cette époque, plusieurs significations différentes ; il désignait : 1° le sacrement de l’Eucharistie ; 2° le pain béni ; 3° les pains bénis que les évêques et les prêtres envoyaient ou recevaient en présent ; 4° des présents quelconques, surtout ceux que les ecclésiastiques faisaient aux laïques, en signe de respect ou d’amitié, et qui consistaient le plus souvent en choses bénites ; c’est en ce sens qu’il est pris dans le passage dont il s’agit ; 5° enfin des présents, rétributions ou prestations de diverse nature, extorqués par la force.