Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/220

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dans sa conduite, noble dans ses mœurs, et dont nous avons rapporté les miracles au livre que nous avons écrit de sa vie [Vie des Pères, X]. L’évêque Félix arrivant au moment de sa mort, toute sa cellule trembla, en sorte, je n’en doute pas, que ce tremblement, au moment où il passait de ce monde en l’autre, fut une annonce de l’événement. Après l’avoir lavé et enveloppé d’honorables vêtements, l’évêque le fit porter à la sépulture.

Pour revenir à notre histoire, le roi Atllanagild étant mort en Espagne, Liuva [Leuva] et son frère Leuvigild montèrent sur le trône[1] xlv. Après la mort de Liuva, son frère Leuvigild posséda le royaume tout entier, et ayant perdu sa femme, il épousa Gonsuinthe, mère de la reine Brunehault. Il avait de sa première femme deux fils, dont l’un épousa la fille de Sigebert, et l’autre la fille de Chilpéric xlvi. Il partagea son royaume également entre eux, et fit périr, sans en laisser un seul[2] xlvii, tous ceux qui avaient la coutume de tuer les rois.

L’empereur Justinien étant mort dans la ville de Constantinople[3] [en 565], Justin fit une brigue pour parvenir à l’empire. C’était un homme adonné à une grande avarice, contempteur des pauvres, qui dépouillait les sénateurs, et se livrait à une telle cupidité qu’il fit faire des coffres de fer, dans lesquels il entassait des pièces d’or. On dit aussi qu’il tomba dans l’hérésie de Pélage [Pélagius]. Après peu de temps, devenu insensé, il appela à lui, pour défendre ses provinces, Tibère César, homme juste, aumônier, équitable, éclairé et

  1. En 567.
  2. Non relinquens ex eis mingentem ad parietem.
  3. En 565.