Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/223

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cher, et profitant de cet instant de solitude, tira son épée, mit ses deux pieds sur la poignée, en dressa la pointe contre sa poitrine, et s’étant appuyé dessus, le fer entra dans une des mammelles et ressortit par l’épaule. L’ayant redressé de nouveau, il se perça de même du côté opposé, et tomba mort. Forfait étonnant, et qui ne peut avoir été accompli que par l’œuvre du diable ; car la première blessure pouvait le tuer, si le diable ne lui eût prêté secours pour commettre cette action détestable. Sa mère, accourant à moitié morte, se jeta sur le corps du fils qu’elle venait de perdre, et toute la maison poussa des cris de douleur. Il fut porté à la sépulture au monastère de Cournon [10 Kms au S.-E. de Clermont], mais il ne fut point placé près des corps des chrétiens, et on n’obtint pas qu’il y eût des messes célébrées pour lui. Il est bien reconnu que l’injure qu’il avait faite à l’évêque a été la seule cause de son malheur.

Alboin, roi des Lombards, qui avait épousé Clotsinde, fille du roi Clotaire, ayant quitté son pays, partit pour l’Italie avec toute la nation des Lombards[1] [en 568]. L’armée se mit en marche accompagnée des femmes et des enfants, résolue à s’établir en Italie. Entrés dans ce pays, ils le parcoururent en tous les sens pendant sept ans, dépouillèrent les églises, tuèrent les prêtres et réduisirent toute la contrée sous leur domination. Clotsinde, femme d’Alboin, étant morte, il épousa une autre femme[2] li, dont il avait peu de temps auparavant tué le père ; en sorte que cette femme, qui à cause de cela avait toujours haï son

  1. En 568.
  2. Rosamonde, fille de Cunimond, roi des Gépides.