Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/236

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

armée, Sigebert, qui ne trouvait pas d’endroit pour passer la Seine et aller à la rencontre de son frère, envoya un message à son frère Gontran pour lui dire : « Si, pour ton malheur, tu ne me laisses pas passer ce fleuve, je marcherai sur toi avec toute mon armée. » Craignant qu’il ne le fit ainsi, il entra en alliance avec lui, et le laissa passer. Chilpéric, apprenant que Gontran l’avait abandonné, et s’était rangé du parti de Sigebert, leva son camp, et se retira jusqu’au bourg d’Alluye, dans le territoire de Chartres. Sigebert le suivit et lui demanda de se préparer à la bataille ; mais Chilpéric, craignant que, par la ruine de ces deux armées, les deux royaumes ne vinssent à périr, demanda la paix, et rendit à Sigebert les villes dont Théodebert s’était injustement emparé, priant qu’en aucun cas les habitants ne fussent traités comme coupables, puisqu’il les avait injustement contraints par le fer et par le feu. Les bourgs situés aux environs de Paris lxi furent entièrement consumés par la flamme : l’ennemi détruisit les maisons comme tout le reste, et emmena même les habitants en captivité. Le roi conjurait qu’on n’en fit rien ; mais il ne pouvait contenir la fureur des peuples venus de l’autre bord du Rhin. Il supportait donc tout avec patience, jusqu’à ce qu’il pût revenir dans son pays. Quelques-uns de ces païens se soulevèrent contre lui, lui reprochant de s’être soustrait au combat ; mais lui, plein d’intrépidité, monta à cheval, se présenta devant eux, les apaisa par des paroles de douceur, et ensuite en fit lapider un grand nombre. On ne saurait douter que ce ne soit par les mérites de saint Martin que la paix se fit sans combat. Le même jour