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LIVRE CINQUIÈME


Il me pèse d’avoir à raconter les vicissitudes des guerres civiles qui écrasent la nation et le royaume des Francs, et, chose cruelle, nous ont déjà fait voir ces temps marqués par le Seigneur comme le commencement des calamités ; « Le frère livrera le frère à la mort, et le père le fils ; les enfants se soulèveront contre leur père et leur mère, et les feront mourir[1]. » Ils auraient dû cependant se laisser enrayer par les exemples des rois anciens qui, une fois divisés, succombaient aussitôt sous leurs ennemis. Combien de fois la ville des villes elle-même, la capitale du monde entier, n’a-t-elle pas été vue, en s’engageant dans la guerre civile, tomber du coup, et, la guerre cessée, se relever comme de terre ? Plût à Dieu et à vous, ô rois ! que vous voulussiez exercer vos forces dans des combats semblables à ceux que livrèrent vos pères à la sueur de leurs fronts, afin que les nations, frappées de terreur à la vue de votre union, fussent subjuguées par votre valeur. Rappelez-vous ce qu’a fait Clovis, celui qui marche en tête de toutes vos victoires, ce qu’il a mis à mort de rois ennemis, anéanti de nations contraires, subjugué de pays et de peuples ; par quoi il vous a laissé le royaume dans toute sa force et son intégrité ; et lorsqu’il fit ces choses il ne possédait ni

  1. Év. sel. S. Math. chap. 10, v. 21.