Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/250

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de Langres, étant devenu vieux, chassa le diacre Lampade qui avait été son homme de confiance, et mon frère, désirant venir au secours des pauvres que Lampade avait injustement dépouillés, contribua à lui faire donner cette humiliation, et encourut par-là sa haine. Cependant le bienheureux Tétrique fut frappé d’apoplexie, et les remèdes de la médecine ne pouvant rien pour lui, son clergé troublé et angoissé, autant qu’il était possible, de se trouver sans pasteur, demanda qu’on lui envoyât Munderic. Le roi l’ayant accordé et tonsuré, il fut sacré évêque, à cette condition que, pendant la vie du bienheureux Tétrique, il gouvernerait, en qualité d’archiprêtre, le château de Tonnerre, y ferait sa résidence, et qu’après le décès de son prédécesseur, il lui succéderait. Tandis qu’il habitait ce château, il encourut la haine du roi, car on assurait que lorsque le roi Sigebert était venu contre son frère Gontran, il lui avait donné des vivres et fait des présents. Il fut donc tiré du château et mis en exil sur la rive du Rhône, dans une certaine tour étroite et sans toiture, dans laquelle il demeura environ deux ans avec de grandes souffrances. À la demande du saint évêque Nicet, il lui fut permis de venir à Lyon, où il habita pendant deux mois ; mais ne pouvant obtenir du roi d’être rétabli au lieu d’où il avait été chassé, il s’échappa la nuit, se rendit près du roi Sigebert, et institué évêque du canton de l’Arsat[1] xv, ayant sous sa ju-

  1. Vicus Arisitensis ; il y a beaucoup d’incertitude sur la vraie désignation de cet évêché, situé évidemment dans le Rouergue, mais qui n’a subsisté que peu de temps. Cependant la similitude des noms et quelques autres circonstances portent à croire qu’il comprenait une partie du