Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/260

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Ragnemode, évêque du siége de Paris, et qui avait succédé à saint Germain, était alors avec nous. Comme nous avions refusé à Mérovée ce qu’il demandait, il commença à crier et à dire que nous n’avions pas le droit de le suspendre de la communion sans avoir demandé l’avis de nos confrères. D’après ces paroles, après avoir discuté canoniquement son affaire, nous nous accordâmes avec celui de nos confrères qui était présent, à lui donner les eulogies. Je craignais d’ailleurs, en suspendant un homme de la communion, de me rendre homicide de beaucoup d’autres, car il menaçait de tuer plusieurs de nos gens s’il n’obtenait pas d’être reçu à notre communion. Cependant cela attira de grands désastres sur le pays de Tours. En ces jours-là Nicet, mari de ma nièce xxxi, se rendit pour ses affaires près du roi Chilpéric avec notre diacre qui raconta au roi la fuite de Mérovée. En les voyant, la reine Frédégonde dit : « Ce sont des espions qui sont venus pour s’enquérir de ce que fait le roi, afin de savoir ce qu’ils auront à dire à Mérovée. » Et aussitôt les ayant fait dépouiller, elle ordonna qu’on les conduisît en exil, d’où ils ne sortirent qu’après sept mois accomplis. Chilpéric nous envoya dire par ses messagers : « Chassez cet apostat hors de votre basilique, autrement je livrerai tout le pays aux flammes. » Nous lui répondîmes qu’il était impossible de faire dans un temps chrétien ce qui ne s’était pas fait du temps des hérétiques. Alors il fit marcher une armée et la dirigea vers ce pays.

    ici de pain non encore consacré dont le refus annonçait celui de la communion.