Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/270

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cela : « Vous dites la vérité ; je vous ai souvent fait des présents, mais non pas pour que le roi fût chassé de son royaume ; car, lorsque vous veniez m’offrir de très beaux chevaux et d’autres choses, je ne pouvais faire autrement que de vous récompenser de cette manière. » Le roi étant retourné à son logis, nous siégions tous ensemble dans la sacristie de la basilique de Saint-Pierre ; et tandis que nous nous entretenions, vint tout à coup Aetius, archidiacre de l’Église de Paris, qui, nous ayant salués, dit : « Écoutez-moi, ô prêtres du Seigneur rassemblés en ce lieu ; c’est ici le temps où vous pouvez honorer votre nom, et briller de tous les avantages d’une bonne renommée ; ou bien, en vérité, personne ne vous regardera plus comme les prêtres de Dieu, si vous ne vous conduisez pas judicieusement, et que vous laissiez périr votre frère. » Lorsqu’il eut dit ces paroles, aucun des évêques ne lui répondit, car ils craignaient la fureur de la reine, à l’instigation de laquelle se faisait tout cela. Comme ils demeuraient pensifs et le doigt appuyé sur les lèvres, je leur dis : « Faites attention, je vous prie, à mes paroles, ô très saints prêtres de Dieu, et vous surtout qui paraissez être plus que les autres dans la familiarité du roi ; portez-lui un conseil pieux et sacerdotal, de peur que, s’irritant contre un ministre du Seigneur, il ne périsse lui-même par la colère de Dieu, et ne perde son royaume et sa gloire. » Comme je disais ces paroles, ils demeuraient dans le silence ; et voyant qu’ils continuaient à se taire, j’ajoutai : « Souvenez-vous, messeigneurs les évêques, des paroles du prophète qui a dit : Si la sentinelle, voyant venir