Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/306

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ayant été fermées, on vint à bout de lui, et on le tua dans les murs de la ville. Quelques-uns assurèrent qu’on avait vu le ciel ardent ; le fleuve de la Loire grossit plus que l’année précédente ; le torrent du Cher vint s’y réunir xcvi ; le vent du midi souffla sur le pays avec tant de violence qu’il renversa les forêts, abattit les maisons, arracha les haies, et fit périr des hommes même enlevés dans un tourbillon qui parcourut en largeur un espace de près de sept arpents. On n’a pu savoir ni estimer jusqu’où s’était prolongé son passage. Les coqs célébrèrent souvent par leurs chants le commencement de la nuit. La lune fut obscurcie, et l’étoile qu’on appelle comète apparut dans le ciel. Il vint ensuite une grande contagion parmi le peuple. Les envoyés des Suèves xcvii, relâchés au bout d’une année, retournèrent dans leur pays.

Maurille [Maurilion], évêque de la ville de Cahors, était cruellement tourmenté d’une humeur de goutte. Mais aux douleurs qu’élève cette maladie, il en joignait encore de plus grandes, car souvent il appliquait à ses pieds et à ses jambes un fer ardent, pour ajouter aux tourmens qu’il soufrait. Comme beaucoup demandaient son épiscopat, il choisit lui-même Ursicin [Usicinus], autrefois, référendaire de la reine Ultrogothe [femme de Childebert] ; et ayant prié qu’il fût consacré avant sa mort, il sortit ensuite de ce monde. Il était très aumônier, très versé dans les saintes Écritures, si bien qu’il récita plusieurs fois de mémoire les diverses générations contenues dans les livres de l’ancien Testament, et que beaucoup retiennent avec peine. Il fut aussi très juste dans ses jugements, défendit les pauvres de son église de l’atteinte des mauvais juges, selon ces paroles de Job : « J’avais