Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/326

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culphe s’enfuit, et alla trouver Félix, qui l’accueillit avec empressement, au lieu qu’il aurait dû l’avoir pour exécrable. Leudaste, se rendant à Bourges, y emporta avec lui tous les trésors qu’il avait amassés des dépouilles des pauvres, mais peu de temps après, les gens de Bourges, ayant à leur tête le juge du lieu, se précipitèrent dans sa demeure, et lui enlevèrent son or, son argent et tout ce qu’il avait apporté avec lui, ne lui laissant que l’habit qu’il avait sur le corps ; ils l’auraient même tué s’il ne se fût sauvé par la fuite. Mais ayant repris courage, il se mit à la tête de quelques gens de Tours, et tombant à son tour sur ces voleurs, il en tua un, reprit ce qu’ils lui avaient enlevé et revint à Tours. Le duc Bérulphe l’ayant appris, envoya des serviteurs armés pour se saisir de lui. Voyant qu’il allait être pris, il abandonna ses effets et se réfugia dans la basilique de Saint-Hilaire de Poitiers. Le duc Bérulphe prit ses effets et les envoya au roi, mais Leudaste sortait de la basilique, et faisait des irruptions dans plusieurs maisons, se livrant publiquement au pillage. On le surprit souvent en adultère dans l’enceinte des saints portiques. La reine, irritée de ce qu’il souillait de cette manière la maison sacrée du Seigneur, ordonna qu’il fût chassé de la basilique du saint. Ayant été chassé, il retourna chez ses hôtes de Bourges, les suppliant de le cacher.

J’aurais dû rapporter plus haut ma conversation avec le bienheureux évêque Sauve ; mais puisque je l’avais oublié, ce ne sera pas, je crois, un sacrilège d’en rendre compte après d’autres choses. Après le synode dont j’ai parlé, j’avais déjà dit adieu au roi, et me préparais à m’en retourner chez moi ; mais ne vou-