Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/348

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celui qui les avait excités, de leur prêter le secours d’un asile. Plusieurs d’entre eux, renvoyés sous caution, redirent l’ordre d’aller trouver le roi. Cependant Gondulphe, ayant remis la ville sous la puissance du roi Childebert et rétabli l’évêque dans son siége, retourna vers le roi. Mais Dynamius, oubliant la fidélité qu’il avait promise au roi Childebert, envoya des messagers au roi Gontran pour lui dire que l’évêque lui ferait perdre la portion de la cité qui lui appartenait xxxix et que jamais, à moins de le chasser de la ville de Marseille, il ne pourrait la soumettre à sa puissance. Alors, ému de colère, Gontran ordonna, malgré le respect dû à la religion, que le pontife du Dieu tout-puissant lui fût amené chargé de liens, disant : « Que l’ennemi de notre royaume soit envoyé en exil, afin qu’il ne puisse nous nuire plus longtemps. » Et comme l’évêque se tenait sur ses gardes et qu’il n’était pas aisé, de l’enlever de la ville, arriva le jour où se fêtait la dédicace d’un oratoire rural situé prés de la ville. L’évêque était sorti pour se rendre à cette fête, lorsqu’en route il fut attaqué subitement par des hommes armés qui, se précipitant avec grand bruit hors d’une embuscade où ils s’étaient cachés, l’entourèrent, le jetèrent à bas de son cheval, mirent en fuite tous ceux qui l’accompagnaient, lièrent ses serviteurs, battirent ses clercs, et le mettant lui-même sur un misérable cheval, sans permettre à aucun des siens de le suivre, l’emmenèrent pour le conduire en la présence du roi. Comme ils traversaient la ville d’Aix, Pientius xl, évêque de ce lieu, plein de compassion pour son frère, lui donna des clercs pour l’assister et ne le laissa partir