Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/370

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velle lorsque quelqu’un avait vu une jument ou aperçu une génisse. Pendant que cela se passait, le roi Childebert se tenait avec son armée, assemblée en un même lieu. Une nuit l’armée se souleva, les petites gens firent entendre de grands murmures contre l’évêque Ægidius et les chefs du roi, et commencèrent à crier et à dire ouvertement : « Ôtons de devant la face du roi ces hommes qui vendent son royaume, soumettent ses cités à la domination d’un autre, et livrent à une puissance étrangère le peuple et le prince. » Tandis qu’ils se livraient à ces clameurs et à d’autres semblables, le matin étant arrivé, ils prirent leurs armes et coururent aux tentes du roi, pour se saisir de l’évêque et des seigneurs, les accabler par la force, les charger de coups, et les mettre en pièces avec leurs épées. L’évêque en ayant été averti, prit la fuite et montant à cheval, se dirigea vers sa ville épiscopale. Le peuple le poursuivit avec de grands cris, jetant après lui des pierres et vomissant des injures. Ce qui le sauva, c’est qu’ils n’avaient pas préparé leurs chevaux. Cependant l’évêque voyant que les chevaux de ses compagnons étaient rendus de fatigue, continua seul son chemin, saisi d’une telle frayeur qu’une de ses bottes étant sortie de son pied, il ne s’arrêta point pour la ramasser, mais arriva ainsi jusqu’à Reims, où il se mit à couvert dans les murs de la ville.

Peu de mois auparavant, Leudaste lxvi était venu à Tours, avec la permission du roi, pour y reprendre sa femme et y demeurer. Il nous envoya une lettre souscrite par les évêques, pour que nous le reçussions à la communion ; mais comme cette lettre n’était pas