Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/391

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de les mettre dans des chariots ; comme plusieurs pleuraient et ne voulaient pas s’en aller, il les fit tenir prisonniers pour pouvoir plus facilement les obliger de partir avec sa fille. On dit que plusieurs, craignant de se voir enlevés ainsi à leurs parents, de douleur s’arrachèrent la vie au moyen d’un lacs. Le fils était séparé du père, la mère de la fille, et ils s’en allaient avec de profonds gémissements et de grandes malédictions ; on entendait tant de pleurs dans la ville de Paris qu’on les a comparés aux pleurs de l’Égypte. Plusieurs personnes des meilleures familles, contraintes de s’en aller ainsi, firent leur testament, donnèrent leurs biens aux églises, et demandèrent qu’au moment où la fille de Chilpéric entrerait en Espagne, on ouvrît ces testaments, comme si elles étaient déjà dans le tombeau. Cependant il vint à Paris des envoyés du roi Childebert pour avertir le roi Chilpéric de ne donner à sa fille aucune des villes qu’il tenait du royaume du père de Childebert [Sigebert, roi d’Austrasie], ni aucune partie de ses trésors, et de ne pas se permettre de toucher aux esclaves, aux chevaux, aux jougs de bœufs, ni à rien de ce qui appartenait à ces propriétés. Un de ces envoyés fut, dit-on, tué secrètement, mais je ne sais par qui. Cependant les soupçons se portèrent sur le roi. Chilpéric, ayant promis de ne toucher à aucune de ces choses, convoqua les principaux Francs et ses autres fidèles, et célébra les noces de sa fille. Elle fut remise aux envoyés des Goths, et il lui donna de grands trésors ; mais sa mère y ajouta

    Tours. Il y a lieu de croire que, dans l’occasion dont il s’agit ici, des gens même qui n’appartenaient pas aux domaines fiscaux furent enlevés de force, et contraints d’accompagner Rigonthe.