Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/434

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mes forces. » Les habitants crurent à ces paroles, et, après avoir renfermé dans la ville tout ce qu’ils purent rassembler, ils se préparèrent à faire résistance. Dans ce temps, le roi Gontran envoya à Gondovald, au nom de la reine Brunehault, une lettre où on lui écrivait de congédier son armée, d’ordonner à chacun de retourner dans son pays, et d’aller passer ses quartiers d’hiver à Bordeaux. Cette lettre était une ruse pour savoir à fond ce que faisait Gondovald.

Étant demeuré dans la ville de Comminges, Gondovald parla aux habitants, disant : « Voilà que l’armée approche déjà, sortons pour lui résister. » Quand ils furent sortis, les guerriers de Gondovald s’étant emparés des portes et les ayant fermées, chassèrent ainsi le peuple et, de concert avec l’évêque du lieu (Rufin), s’emparèrent des vivres et de tout ce qu’ils purent trouver dans la ville. Il y avait une si grande quantité de vivres et de vins que, s’ils avaient fait une défense courageuse, ils auraient pu se soutenir pendant un grand nombre d’années sans manquer d’aliments.

Les généraux du roi Gontran avaient entendu dire que Gondovald était arrêté sur le rivage au-delà de la Garonne avec une nombreuse troupe, et qu’il gardait avec lui les trésors qu’il avait enlevés à Rigonthe. Alors ils se précipitèrent à la nage avec leurs chevaux dans la Garonne, et quelques soldats de leur armée se noyèrent. Arrivés sur le bord et cherchant Gondovald, ils trouvèrent des chameaux chargés de beaucoup d’or et d’argent, et des chevaux fatigués qu’il avait laissés dans les chemins. Instruits qu’il demeurait renfermé dans la ville de Comminges, et lais-