Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/438

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Le quinzième jour avait brillé sur ce siège, et Leudégésile xxxiv préparait de nouvelles machines pour détruire la ville : les chariots étaient chargés de béliers, de claies et de planches, à couvert desquels l’armée s’avançait pour renverser les remparts ; mais, en avançant, ils étaient si accablés de pierres que tous ceux qui approchaient des murs succombaient bientôt ; on jetait sur eux des marmites pleines de poix et de graisse enflammée, et d’autres remplies de pierres. La nuit étant venue mettre fin au combat, les assiégeants s’en retournèrent dans leur camp. Gondovald avait avec lui Chariulf, homme riche et puissant, des magasins et des celliers duquel la ville était remplie, et qui par ses biens nourrissait presque tous les citoyens. Bladaste xxxv voyant ce qui se passait, et craignant que Leudégésile, après avoir remporté la victoire, ne les livrât à la mort, mit le feu à la maison épiscopale. Tandis que les assiégés accouraient tous pour apaiser l’incendie, il s’échappa par la fuite. Le lendemain matin, l’armée se prépara de nouveau au combat. Ils firent des faisceaux de broussailles pour combler le fossé profond situé du côté de l’Orient ; mais cette invention ne fit aucun mal. L’évêque Sagittaire faisait souvent, tout armé, le tour des remparts, et souvent du haut du mur il jetait des pierres de sa propre main contre les assiégeans.

Ceux-ci voyant que rien ne pouvait réussir envoyèrent secrètement des députés à Mummole, disant : « Reconnais ton seigneur, et renonce enfin à cette perversité. Quelle est en effet ta folie de te soumettre à un homme inconnu ? Ta femme et tes enfans ont déjà été mis en captivité. Tes fils, à ce