Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/477

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le ciel nous parut ardent, n’étaient autre chose que la lueur de cet incendie.

Dans une autre ville proche de la cité de Vannes, il y avait un grand étang rempli de poissons, dont l’eau, à la profondeur d’une brasse, se changea en sang. Pendant plusieurs jours il se rassembla autour de cet étang une multitude innombrable de chiens et d’oiseaux qui buvaient ce sang, et le soir s’en retournaient rassasiés.

Ennodius fut donné pour duc à la ville de Tours et à celle de Poitiers. Bérulphe, qui avait auparavant gouverné ces villes, était suspect d’avoir, avec son associé, Arnégésile, enlevé secrètement les trésors du roi Sigebert. Lors donc qu’il revint dans ces villes, dont il était duc, le duc Rauchingue, au moyen d’un artifice, s’empara de lui et de son compagnon, et les chargea de liens. On envoya aussitôt dans leur maison des serviteurs qui enlevèrent tout et y prirent beaucoup de choses qui leur appartenaient, et plusieurs aussi provenant des trésors dont j’ai parlé. Le tout fut porté au roi Childebert. On poursuivit l’affaire, et l’épée était déjà levée sur leur tête lorsque, par l’intervention des évêques, on leur rendit la liberté ; mais on ne leur rendit rien de ce qu’on leur avait enlevé.

Le duc Didier se rendit, avec quelques évêques et l’abbé Arédius [et Antestius], près du roi Gontran. Le roi lui fit d’abord un très mauvais accueil ; mais ensuite, vaincu par les prières des évêques, il le reçut en grâce. Eulalius voulut le mettre en cause, parce que sa femme l’avait abandonné et avait passé à Didier ; mais on se moqua de lui, et, rempli de confusion, il fut réduit