Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/489

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périr le Franc par le poison. Après avoir ainsi parlé, ils s’en allèrent sans pouvoir obtenir aucune réponse raisonnable, et protestant contre la nomination de Mélantius à la place de Prétextat, afin qu’il ne fût point admis à remplir les fonctions épiscopales.

Il se commit en ce temps beaucoup de crimes. Domnole [Domnola], fille de Victor [Victorius], évêque de Rennes, veuve de Burgolène [Burgolen], et qui depuis avait épousé Nectaire [Nectarius], était en différend pour des vignes avec Bobolène xlii [Bobolen], référendaire de Frédégonde. Sachant qu’elle était venue dans ses vignes, Bobolène lui envoya des messagers pour protester contre toute prise de possession de sa part ; mais méprisant cette protestation, et disant que ce bien lui venait de son père, elle entra dans la vigne. Alors Bobolène excita un soulèvement, tomba sur elle avec des gens armés, et après l’avoir tuée, vendangea la vigne et enleva tout ce qui lui appartenait, faisant périr par l’épée tous ceux qui étaient avec elle, tant hommes que femmes, sans laisser en vie aucun des siens, si ce n’est ceux qui purent s’échapper par la fuite.

En ces jours-là il y avait à Paris une femme, qui dit aux habitants : Fuyez de la ville, et sachez qu’elle va être consumée par un incendie. Beaucoup en riaient, et croyaient qu’elle disait cela d’après quelques présages obtenus en jetant les sorts, ou bien qu’elle l’avait rêvé, ou qu’elle parlait par l’inspiration de certains démons du midi xliii ; elle répondit : Ce n’est rien de ce que vous dites, mais je vous parle en vérité. J’ai vu pendant mon sommeil sortir de la basilique de Saint-Vincent xliv un homme lumineux, tenant à la main un flambeau de cire, dont il