Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/491

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tôt. Le peuple criait à cet homme et à sa femme : « Fuyez, ô pauvres gens, afin de pouvoir échapper : voilà déjà que le feu se précipite sur vous ; voilà que les étincelles et les charbons tombent comme une violente pluie, et s’étendent jusqu’à vous. Sortez de l’oratoire et ne vous y laissez pas brûler. » Mais lui, occupé à l’oraison, ne fut pas un instant ébranlé de ces cris, et sa femme ne quitta pas la fenêtre par laquelle les flammes entraient dans l’oratoire. Une ferme espérance dans les mérites du saint évêque la garantissait de tout danger. Telle fut en effet la puissance du saint pontife que non seulement l’oratoire sauva la maison et les habitants, mais il ne permit pas que la violence des flammes nuisit à aucune des maisons qui l’environnaient. Là finit l’incendie, de ce côté du pont. De l’autre côté, il s’étendit avec tant de violence qu’il ne fût arrêté que par les bords du fleuve ; cependant les églises et les maisons qui leur appartenaient ne furent pas brûlées. On disait que cette ville avait été consacrée autrefois, en sorte que le feu ne pouvait s’y propager, et qu’on n’y voyait ni serpents, ni loirs ; mais que, lorsque dernièrement on avait nettoyé les conduits des ponts, et qu’on les avait vidés de la boue qui les remplissait, on y avait trouvé un serpent et un loir d’airain ; qu’après qu’on les eut ôtés il parut dans Paris des loirs et des serpents sans nombre, et qu’après cela la ville fut prise de l’incendie.

Le prince des ténèbres a mille artifices pour faire le mal, et je vais raconter ce qui est arrivé dernièrement à des reclus et à des hommes dévoués à Dieu. Le breton Winoch, élevé aux honneurs de la prêtrise, et dont nous avons parlé dans un autre livre [V], s’était