Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/498

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cinquante autres de l’archidiacre de la cité. De plus, on m’a promis que je serais libre ainsi que ma femme. » À ces mots le neveu de l’évêque tirant son épée mit le coupable en morceaux. Frédégonde institua évêque Mélantius, qu’elle avait dès le premier moment nommé à ce siège.

Le duc Beppolène, fort ennuyé de Frédégonde qui ne lui accordait pas près d’elle les honneurs qui lui étaient dus, et s’en voyant méprisé, alla trouver le roi Gontran, qui lui confia la puissance ducale sur les cités qui appartenaient à Clotaire, fils du roi Chilpéric. Il s’y rendit avec un grand appareil, mais ne fut pas reçu à Rennes. Venant ensuite à Angers, il y fit beaucoup de mal, s’emparant des provisions, du foin, du vin, et de tout ce qu’il pouvait trouver dans les maisons des citoyens, où il entrait sans attendre les clefs, et en rompant les portes. Il frappa de coups et foula aux pieds beaucoup des habitants de ce lieu. Il fit peur aussi à Domégésile ; mais ensuite se raccommoda avec lui. Étant venu à la ville, tandis qu’il était à faire festin avec plusieurs, dans une maison à trois étages, le plancher de la maison s’enfonça tout à coup, et il s’en échappa à grand’peine demi-mort, et beaucoup furent blessés ; mais il n’en persévéra pas moins dans ses mauvaises actions. Frédégonde lui enleva beaucoup des propriétés qu’il avait dans le royaume de son fils. Il retourna à Rennes, et, voulant soumettre cette ville à la puissance du roi Gontran, il laissa son fils auprès ; mais peu de temps après les habitants de Rennes étant tombés sur lui, le tuèrent ainsi que beaucoup d’hommes de rang.