Page:Guizot - Collection des mémoires relatifs à l'histoire de France, Tome 1, 1823.djvu/502

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mais, au contraire, l’inimitié s’augmentait. Le roi Gontran rendit à son neveu Childebert la ville d’Albi. Le duc Didier, qui avait rassemblé dans le territoire de cette ville toutes ses meilleures possessions, craignit alors la vengeance du roi Childebert, parce qu’autrefois, dans ce même lieu, il avait rudement traité en ennemie l’armée du roi Sigebert de glorieuse mémoire. Il s’en alla donc avec sa femme Tétradia qu’il avait enlevée à Eulalius, comte d’Auvergne ; et, passant avec tous ses biens dans le territoire de Toulouse, il leva une armée, et se disposa à marcher contre les Goths, après avoir partagé, à ce qu’on dit, tout ce qu’il possédait entre ses fils et sa femme. Ayant pris avec lui le comte Austrovald, il marcha vers Carcassonne. Les citoyens de cette ville se préparèrent à se défendre, car ils avaient été avertis de leur arrivée. Le combat ayant été livré, les Goths commencèrent à fuir, et Didier, ainsi qu’Austrovald, à les poursuivre toujours battant. Eux continuant à fuir, Didier arriva à la ville avec peu de monde, parce que les chevaux de ses compagnons étaient rendus. S’étant donc approché de la porte de la ville, il fut entouré par les citoyens demeurés dans les murs, et tué avec ceux des siens qui l’avaient suivi. À grand’peine put-il s’en échapper un petit nombre qui vinrent raconter ce qui s’était passé. Austrovald, apprenant la mort de Didier, rebroussa chemin, et se rendit vers le roi, qui aussitôt le fit duc à la place de Didier.

Après cela, Leuvigild, roi d’Espagne, tomba malade. Mais, à ce qu’on assure, il fit pénitence des erreurs de son hérésie, et protestant qu’il n’y retombe-