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Robert Peel, à peine âgé de vingt et un ans, entra en 1809 dans la chambre des Communes.

II

A peine il y siégeait, et déjà l’avenir qu’on présageait pour lui était un sujet de sarcasmes ; un pamphlet courut, intitulé Testament et dernières volontés d’un patriote, qui s’amusait à donner aux hommes publics les quaütés qu’il leur croyait nécessaires : a Je donne et lègue, disait-il, ma patience à M. Robert Peel ; il en aura besoin avant de devenir premier ministre d’Angleterre ; et, en cas que cela lui arrive, ma patience fera retour au peuple anglais, qui en aura grand besoin à son tour. » Π y avait prétexte à cette dédaigneuse ironie ; le premier ministre prédit avait débuté avec un talent et un succès un peu froids. Les maîtres de la politique et de l’éloquence, Pitt, Fox, Burke, n’étaient plus là ; mais, dans le Parlement et hors du Parlement, le public, encore tout ému de leurs grandes luttes, restait passionné et difficile ; leurs seconds, Grattan, Sheridan, Tierney, Romillf, Windham, Canning surtout, occupaient encore brillamment la scène. Brougham venait d’y entrer. Plus judicieux qu’énergique et plus lucide que chaud, Robert Peel n’emporta point du premier coup, dans l’esprit des spectateurs, son renom et son rang.

Les hommes de gouvernement et d’affaires le devi-