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853 SIR ROBERT PEEL.

son plus grand pouvoir, un mémorandum conçu en ces termes : « J’espère et je désire sérieusement qu’aucun membre de ma famille ne recherche ou n’accepte, si on le lui offre, aucun titre, distinction ou récompense à raison des services que je puis avoir rendus dans le parlement ou dans le gouverne· ment. Si mes fils acquièrent par leurs propres efforts des titres à des distinctions honorifiques, ils recevront probablement, s’ils les désirent, les récompenses dues à leurs mérites propres et personnels ; mais c’est mon vœu formel qu’aucun titre, aucune marque d’honneur ne soient recherchés ou acceptés pour cause de grandes charges occupées ou d’actes accomplis par moi. »

Jamais, à coup sûr, le principe démocratique, « à chacun selon ses mérites et ses œuvres, » ne s’est manifesté dans une sphère plus haute, ni par un désintéressement plus sévère et plus complet. Nulle part aussi peut-être le fond du cœur et du caractère de sir Robert Peel ne s’est plus sincèrement révélé. C’était un grand et honnête serviteur de l’État, fier avec une sorte d’humilité, et ne voulant briller d’aucun éclat étranger à sa sphère naturelle, dévoué & son pays sans aucun besoin de retour, peu préoccupé de principes fixes ou de longues combinaisons politiques, appliqué à reconnaître chaque jour ce que commandait l’intérêt public, et prêt à l’accomplir sans se soucier ni des partis et de leurs règles de conduite, ni de ses propres actes et de ses propres paroles, brisant avec le passé sans indifférence cy-