Page:Gunnell - Stendhal et l’Angleterre, 1909.djvu/227

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INFLUENCE DE LA LITTÉRATURE ANGLAISE 209 Voilà de quoi il lui est redevable (1). En même temps que Stendhal se livre exprès et dans un but précis à l’étude de ces auteurs anglais, il paraît subir à son insu certaines influences qui sont dans l’air. Il a beau protester qu’il est imperméable, toute la France littéraire est comme hypnotisée par les romans de Scott et les poèmes de Byron, et il n’échappera pas tout à fait à la contagion. Il est peut-être excessif de parler de l’influ- ence qu’auraient exercée sur lui ces deux auteurs. Pour --- de Waterloo : « Un escadron decavalerie fondit sur notre ligne...Plu- sieurs de nos hommes n’étaient pas à leur place. On se bouscula pen- dant deux ou trois minutes. Notre maréchal-des-logis perdit son képi en s’avançant vers le carré, le releva, le remit sens devant derrière, et le porta ainsi toute la journée. Un général français était étendu mort au milieu du carré, il avait de nombreuses décorations sur la poitrine. Nos soldats se mirent a les arracher, se bousculant l’un l’autre comme ils passaient, afin de s’en saisir... Toute l’armée se retira vers les hauteurs que nous avions derrière nous, les Français nous poursuivant de près jusqu’à nos retranchements où nous tînmes bon quelque temps. Comme nous nous repliions sur nous mêmes, une balle déchira la courroie du sac que portait un soldat marchant près de moi : le sac tomba et rouli à terre : vivement le soldat s’en ressaisit, disant : — Je ne vais pas te perdre comme ça : tu es tout ce que je possède au monde. Il le rattacha de son mieux et continua sa marche (Traduction). l. Et voilà la réponse à Tolstoï, disant : Relisez dans la Chartreuse de Parme le récit de la bataille de Waterloo. Qui donc, avant lui, avait décrit la guerre comme cela, c’est-à-dire comme elle est réellement ? Il continue : Plus tard, au Caucase, mon frère, officier avant moi, m’a confirmé la vérité de ces descriptions de Stendhal ; il adorait la guerre, mais n’était point de ces naïfs qui croient au pont d’Arcole. «Tout cela me disait-il, c’est du panache, et il n’y a point de panache à la guerre.» (Tolstoï, conversation avec Paul Boyer : citée par Paupe. Histoire des Œuvres de Stendhal, p. 326).