matières qui l’avait empêchée d’en dire davantage ?
Or les jours qu’ils n’étaient pas heureux — cela leur arrivait quelquefois maintenant, sans cause extérieure, sans motif — ils se reprochaient ces aveux et s’accusaient l’un l’autre de les avoir faits incomplets.
— Tu l’aimes encore, disait-elle.
— Est-ce que j’y pense ?
— Ne mens pas, Henry, tu rêves à elle, tu la regrettes.
— Qui donc ?
— Que sais-je ? moi, celle ou une de celles que tu as aimées.
— Mais je n’aime que toi, tu le sais bien, je n’en ai jamais aimé d’autre.
— Est-ce vrai, enfant, disait-elle en clignant les yeux, est-ce vrai ?
Et elle s’approchait de lui.
— Tu le demandes ? disait-il en l’entourant de ses bras et l’attirant sur son cœur.
— Répète-le donc… dis-le-moi toujours.
Ou bien c’était elle qui était pensive et soupirait :
— Qu’as-tu ? disait Henry.
— Je n’ai rien… laisse-moi.
— Oui, je te laisse, pense à lui, va.
— À qui ?
— Que sais-je ? m’as-tu seulement dit son nom ? tu me caches tout.
— Lui ! grand Dieu ! qu’il soit maudit si jamais j’y songe !
— Comme tu me maudiras plus tard, quand un autre me rappellera à ta pensée.
— Peux-tu le croire ! est-ce vrai ? railles-tu ?
Et elle le regardait fixement, dardant sur lui sa prunelle enflammée.
— Dis-moi que tu ne le pensais pas, Henry… vite donc, dis-le, j’attends.