M. Renaud. — C’est ce que je lui disais toujours, monsieur, lisez les classiques, lisez Racine, lisez Boileau.
M. Gosselin. — Oui, Voltaire, Rousseau, Laharpe, Delisle… mais non !…
Mme Gosselin. — Il aimait mieux des pièces de comédie.
M. Gosselin, continuant toujours son inspection sur la table d’Henry. — Allons, maintenant, Schiller ! de l’allemand ! des songe-creux, des rêveries allemandes ! (Marmottant entre ses dents et récitant les mots les uns après les autres, sans y attacher aucune idée différente.) Oui, Schiller, Hœrder, Heller, Haller, Schlegel, Wogel, Hegel, oui, oui, des subtilités, des bêtises, des choses à la mode… Tiens ? Qu’est-ce que je vois là ? ce livre recouvert de papier,… il y a écrit dessus : « Émilie ».
M. Renaud. — Émilie ? ma femme.
Mme Gosselin. — Elle lui prêtait donc des livres ?
M. Gosselin. — Je m’en doutais.
Mme Gosselin. — Est-ce un mauvais livre, mon ami ? voyons.
M. Gosselin, appuyant sur chaque syllabe. — No-tre-Da-me-de-Pa-ris. (Stupéfait.) « Notre-Dame de Paris ! »
Morel. — Parbleu ! Ça devait être, il m’en parlait toujours.
Mme Gosselin, avec une expression inexprimable. — Victor Hugo ! Victor Hugo !
M. Gosselin, dignement à M. Renaud. — Vous laissez lire Victor Hugo à vos élèves ? chez vous ?
M. Renaud. — Mais monsieur…
M. Gosselin, indigné. — Pas de monsieur, ça suffit. (Se parlant à lui-même.) Ça ne m’étonne plus… une immoralité !
Mme Gosselin. — N’est-ce pas dans ce livre-là, bon ami, qu’on représente un prêtre qui…
M. Gosselin. — Oui, c’est dans ce livre-là.