Page:Gustave Flaubert - Œuvres de jeunesse, III.djvu/339

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boivent ensemble des petits verres. — Au fond de la scène est un immense lit, vu de face, et qui porte sur son traversin quinze à vingt oreillers rangés en ligne. — Un grand croissant tient les rideaux.

Pierrot, devenu considérablement gros et ne pouvant plus bouger, est languissamment assis dans un voltaire. — Il se sent mourir de pléthore. — Quand les femmes viennent le caresser, il leur fait signe qu’il ne peut plus rien pour leur bonheur. — Il s’en va ; — il n’a maintenant ni appétit, ni sens, ni désir. — Il souhaiterait pourtant un médecin.

Entre un monsieur, vêtu a l’européenne, habit noir, cravate blanche, ruban. — Il tâte le pouls de Pierrot ; — et la main lui en saute à plusieurs reprises, tant les pulsations du pouls sont violentes. — Il lui tapote la poitrine ; — et fait de temps à autre des grimaces qui n’indiquent rien de bon. — Il sort.


Scène III.

On apporte une boîte remplie de pilules, grosses comme des noix. — Pierrot en avale quelques-unes, manque de s’étouffer ; — se désespère. — Il envoie chercher un autre médecin.


Scène IV.

Entre un médecin, en robe noire et à bonnet pointu. — Il tire de sa poche un immense stéthoscope, long comme une trompette, qu’il applique sur le ventre de Pierrot.

Agacement de Pierrot qui lui demande ce qu’il faut faire. — Le médecin conseille des sangsues aux oreilles. — Il sort.


Scène V.

On apporte un grand bocal rempli de sangsues monstrueuses qui ont l’air de couleuvres (boudins de drap vert auxquels on mettrait une tête de serpent). — On les applique contre les oreilles de Pierrot ; — qui fait des grimaces affreuses ; — et il ordonne qu’on les lui retire et qu’on aille lui chercher un autre médecin.


Scène VI.

Entre un charlatan (moustaches réunies aux favoris, chic empire, bonnet grec, bottes à la russe, à glands d’or, redingote à brandebourg, croix et médailles des deux côtés de la poitrine).