venir de lui-même. J’ai deux dents, une en haut, une en bas, tu vas sentir comme ça pince bien au cœur… au cœur…
Je cours après les hommes, je les saisis aux reins, je bats leur tête contre les rochers jusqu’à ce que la cervelle en saute, je la mange tout seul, à mon aise, allongé sur leur cadavre, me léchant les babines dans la fosse où j’habite.
Ils ont cru, en entendant un bruit de flûte et de trompette, que c’était sans doute quelque cohorte guerrière qui passait au loin en poussant des fanfares ; puis ils se sont approchés pour voir. Pas du tout ! c’était moi qui hurlais pour les faire venir. Alors je les déchire avec mes ongles, je les étouffe avec ma queue, je les dévore avec mes dents ; mes ongles sont tordus en vrilles, ils restent dans les chairs, mais il m’en repousse d’autres au bout des pattes ; mes dents sont taillées en scie, elles cassent la pierre, coupent le bois, traversent le marbre ; ma queue, que je dresse, abaisse, contourne, étends, est garnie de dards aigus que je lance à droite, à gauche, en avant, en arrière ; ils traversent les boucliers, pénètrent les murailles, sont envenimés comme la dent des crotales, plus rapides que des phalariques.
Me dérange qui voudra ! je ne bouge. Toujours je reste ainsi, à sentir sur mon dos la chaleur cuisante du soleil et sous mon