Oh ! oh ! oh ! elles vont me prendre ! J’ai peur ! La bête rugit ! Comment sont-elles venues jusqu’à moi ? C’est par ma faute, mon Dieu ! pitié ! pitié !
Ah ! j’en étais sûr ! Le signe de la Pénitence les met en fuite ! C’est la pensée seule qui fait le mal ! Plus de ces rêveries où l’âme se perd ! L’action ! l’action !
Courage, Antoine ! Imite-nous : six fois par mois des jeûnes entiers, trois carêmes par an, la flagellation tous les soirs ! Et nous baptisons les morts, nous voilons les vierges, nous proscrivons les seconds mariages.
Il faut les proscrire tous ! L’arbre de l’éden qui portait chaque année douze fruits rouges comme du sang, c’est la femme ! Celui qui dort à son ombre ne se réveillera que dans l’enfer !
C’est pour fuir ce sommeil que j’ai cherché la solitude !
Du temps que nous vivions chez nos maris, nous sortions dès le matin sans litière ni suivantes, pour aller dans les tavernes corrompre des geôliers. Nous visitions les confesseurs, nous chantions des psaumes, nous parlions des anges. Nos époux, pendant ce temps-là, se tourmentaient à la maison.