Seigneur lui-même. Allons ! lève la tête ! pose-toi en face de Dieu ! dédaigne tout ! Aucun triomphe ne vaut la joie d’en rire, et il y a quelque chose qui dépasse les sommets les plus hauts, c’est de les mépriser parce qu’ils se trouvent trop bas ! Nourris égoïstement ce plaisir farouche ! gratte ta plaie ! adore-toi !
Je m’abaisserai, Seigneur ! Je courberai dans la poussière mon front et mon orgueil. Je veux me tenir devant toi continuellement comme un bélier sur l’autel, comme un holocauste qui fume.
Oui ! repousse-les ! Elles sont vieilles et tu n’as plus besoin d’elles pour venir à moi ! Ne vois-tu pas quel désir du mal fait haleter les hommes à ma poursuite, depuis le commencement du monde ? Mais nous nous touchons, maintenant je les étreins. Le souffle que j’exhale est l’atmosphère de leurs pensées, et moi qui les perdais par le corps, je les perds par l’esprit. Un vertige nouveau pousse à l’abîme l’humanité rassasiée ! Entends-tu les civilisations pourries craquer dans les ténèbres, comme des palais qui s’écroulent ? Les dieux sont morts, Babel recommence ! Le Mal enfin triomphe, et, par toutes les voix, il entonne, dans l’immensité vaincue, l’hosanna formidable de son apothéose !… Veux-tu qu’il passe en toi ?… Veux-tu te repaître de sa beauté infinie ?… Veux-tu devenir le Diable ?
Ah ! miséricorde ! miséricorde ! Béni ton nom ! bénies tes œuvres et que bénie soit ta colère ! Je ne cherche pas à te comprendre, mais à t’aimer ; je ne désire pas vivre, je ne veux pas mourir. Ô Sainte Vierge ! ô Jésus ! ô Saint-Esprit. Miséricorde ! miséricorde !