Page:Gustave Flaubert - Trois contes.djvu/246

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c’était dans Thomas que l’on découvrît cette étonnante périphrase, et comme on aurait raison !

… Nous retrouvons M. Flaubert, c’est vrai, mais nous le retrouvons tel que nous le connaissions de longue date, et c’est précisément, c’est surtout de quoi nous nous plaignons.

Certes, si ces Trois Contes, après tout, ne nous rappelaient qu’une manière d’artiste et des procédés de composition connus, bien loin qu’il y eût la prétexte seulement à critique, au contraire, il y faudrait louer une vigoureuse organisation qui, du premier effort, ayant donné toute sa mesure, persiste résolument dans ses qualités et dans ses défauts, parce que ses défauts eux-mêmes sont une part, — et quelquefois la meilleure part, — de son originalité. Malheureusement ce n’est pas une manière, ce sont des paysages, des scènes entières, des visages connus qu’ils nous rappellent, ces Trois Contes ! Les mêmes dessins sur les mêmes fonds, les mêmes tableaux dans les mêmes cadres ; et ceci c’est la marque d’une invention qui tarit…


Revue Bleue, 11 et 18 octobre 1879. Les Romanciers contemporains (Jules Lemaître).

Sur Un Cœur simple :

Ce roman, très court, est consolant après les autres, sans toutefois les contredire. Félicité n’est pas plus un être idéal que Mme Bovary. Ce n’est point une héroïne, mais une bête à Bon Dieu. Ses joies, ses chagrins, ses actions, ses rares paroles, sa religion, ses associations d’idées, tout cela est d’une simplicité qui touche et tourne aux humbles devoirs de sa profession, a l’affection désintéressée, au dévouement absolu et machinal…

Nulle part la manière de Flaubert n’est plus serrée ; on dirait qu’il craint de verser dans l’émotion.

On lui reprochera d’avoir fait la bonté idiote ; on lui dira que c’est rabaisser la vertu d’en faire un produit naturel du tempérament, de la rendre futile et inconsciente. Il répondra qu’on a assez montré, au théâtre et dans le roman, d’héroïnes à falbalas,