Page:Guttinguer - Goffin, Baudry.djvu/6

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S’élevant chaque jour, les rend à la lumière,
Il s’élance après lui, se croit déjà sauvé,
Du plus affreux trépas son fils est préservé,
Il va revoir le jour, sa maison, sa famille,
Dans ses bras paternels presser encor sa fille,
Il s’arrête un moment, songe aux infortunés
Qu’à leur cruel destin il laisse abandonnés…
Il frémit ! Je pourrais trahir leur confiance,
Dit-il, et seul je suis toute leur espérance ;
Ils sont tous mes enfants, je dois les secourir
Et ne sors qu’après eux, les sauver ou mourir !
Il oublie aussitôt le sort qui le menace,
De lui, de son enfant un autre a pris la place,
Le panier vole, arrive et retombe à l’instant,
Goffin le charge encor et d’un pas diligent,
Son fils court et l’allarme en tous lieux est semée,
Autour de lui bientôt leur troupe est rassemblée,
Chacun les bras tendus veut être le premier
À sortir de la mine, à saisir le panier ;
On se presse, on se nuit, on s’accroche à la chaîne,
La crainte de la mort rend la mort plus certaine,
Imprudents ! Goffin veut en vain les contenir,
Il les voit s’élancer ; retomber et périr !
Cependant l’onde augmente et l’horreur avec elle,
Trois braves de leur maître imitant le beau zèle