Page:Guy de Maupassant - Une vie.djvu/122

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des réformes, qui nécessitaient des modifications nouvelles.

Le vieux cocher était devenu jardinier, le vicomte se chargeant de conduire lui-même et ayant vendu les carrossiers pour n’avoir plus à payer leur nourriture.

Puis, comme il fallait quelqu’un pour tenir les bêtes quand les maîtres seraient descendus, il avait fait un petit domestique d’un jeune vacher nommé Marius.

Enfin, pour se procurer des chevaux, il introduisit dans le bail des Couillard et des Martin, une clause spéciale contraignant les deux fermiers à fournir chacun un cheval, un jour chaque mois, à la date fixée par lui, moyennant quoi ils demeuraient dispensés des redevances de volailles.

Donc les Couillard ayant amené une grande rosse à poil jaune, et les Martin un petit animal blanc à poil long, les deux bêtes furent attelées côte à côte ; et Marius, noyé dans une ancienne livrée du père Simon, amena devant le perron du château cet équipage.

Julien nettoyé, la taille cambrée, avait retrouvé un peu de son élégance passée ; mais sa barbe longue lui donnait malgré tout un aspect commun.

Il considéra l’attelage, la voiture et le petit domestique, et les jugea satisfaisants, les armoiries repeintes ayant seules pour lui de l’importance.

La baronne descendue de sa chambre au bras de son mari monta avec peine, et s’assit, le dos soutenu par des coussins. Jeanne à son tour parut. Elle rit d’abord de l’accouplement des chevaux, le blanc, disait-elle, était le petit-fils du jaune ; puis, quand elle aperçut