Page:Guy de Maupassant - Une vie.djvu/253

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Les chevaux, l’ayant vu, s’agitaient. Il coupa lentement leurs brides avec son couteau qu’il tenait ouvert à la main ; et une bourrasque étant survenue, les animaux s’enfuirent harcelés par la grêle qui cinglait le toit penché de la maison de bois, la faisant trembler sur ses roues.

Le comte alors, redressé sur les genoux, colla son œil au bas de la porte, en regardant dedans.

Il ne bougeait plus ; il semblait attendre. Un temps assez long s’écoula ; et tout à coup il se releva, fangeux de la tête aux pieds. Avec un geste forcené il poussa le verrou qui fermait l’auvent au dehors, et, saisissant les brancards, il se mit à secouer cette niche comme s’il eût voulu la briser en pièces. Puis soudain, il s’attela, pliant sa haute taille dans un effort désespéré, tirant comme un bœuf, et haletant ; et il entraîna vers la pente rapide, la maison voyageuse et ceux qu’elle enfermait.