Page:Guy de Maupassant - Une vie.djvu/267

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devoirs. Elle argumenta de toutes les façons, invoquant mille raisons, et, avant tout, l’opinion des gens qu’ils voyaient. La mère, troublée, indécise, hésitait, affirmant qu’on pouvait attendre encore.

Mais un mois plus tard, comme elle rendait une visite à la vicomtesse de Briseville, cette dame lui demanda par hasard : « C’est cette année sans doute que votre Paul va faire sa première communion. » Et Jeanne, prise au dépourvu, répondit : « Oui, Madame. » Ce simple mot la décida, et, sans en rien confier à son père, elle pria Lise de conduire l’enfant au catéchisme.

Pendant un mois tout alla bien ; mais Poulet revint un soir avec la gorge enrouée. Et le lendemain il toussait. Sa mère affolée l’interrogea, et elle apprit que le curé l’avait envoyé attendre la fin de la leçon à la porte de l’église dans le courant d’air du porche, parce qu’il s’était mal tenu.

Elle le garda donc chez elle et lui fit apprendre elle-même cet alphabet de la religion. Mais l’abbé Tolbiac, malgré les supplications de Lison, refusa de l’admettre parmi les communiants, comme étant insuffisamment instruit.

Il en fut de même l’an suivant. Alors le baron exaspéré jura que l’enfant n’avait pas besoin de croire à cette niaiserie, à ce symbole puéril de la transsubstantiation, pour être un honnête homme ; et il fut décidé qu’il serait élevé en chrétien, mais non pas en catholique pratiquant, et qu’à sa majorité il demeurerait libre de devenir ce qu’il lui plairait.

Et Jeanne, quelque temps après, ayant fait une visite aux Briseville, n’en reçut point en retour. Elle