comme la conscience même, qu’un attribut. L’action sort
naturellement du fonctionnement de la vie, en grande
partie inconscient ; elle entre aussitôt dans le domaine de
la conscience et de la jouissance, mais elle n’en vient pas.
La tendance de l’être à persévérer dans l’être est le fond de
tout désir sans constituer elle-même un désir déterminé.
Le mobile emporté dans l’espace ignore la direction où il va,
et cependant il possède une vitesse acquise prête à se
transformer en chaleur et même en lumière, selon le
milieu résistant où il passera ; c’est ainsi que la vie devient
désir ou crainte, peine ou plaisir, en vertu même de sa
force acquise et des primitives directions où l’évolution
l’a lancée. Une fois connue l’intensité de vie chez un être
avec les diverses issues ouvertes à son activité, on peut
prédire la direction que cet être se sentira intérieurement
poussé à prendre. C’est comme si un astronome pouvait
prédire la marche d’un astre rien que par la connaissance
de sa masse, de sa vitesse et de l’action des autres astres.
On voit maintenant la seule position que puisse prendre une science des mœurs sans métaphysique dans la question de la fin morale, indépendamment de toutes les hypothèses que la métaphysique pourra plus tard y ajouter. Étant données d’une part la sphère inconsciente des instincts, des habitudes, des perceptions sourdes, d’autre part la sphère consciente du raisonnement et de la volonté réfléchie, la morale se trouve sur la limite de ces deux sphères : elle est la seule science qui n’ait ainsi pour objet ni des faits purement inconscients ni des faits purement conscients. Elle doit donc chercher une tendance qui soit commune à ces deux ordres de faits et qui puisse relier les deux sphères.
La psychologie classique s’était toujours restreinte aux