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L’IRRÉLIGION
DE L’AVENIR




PREMIÈRE PARTIE
LA GENÈSE DES RELIGIONS
DANS LES SOCIÉTÉS PRIMITIVES




CHAPITRE PREMIER
LA PHYSIQUE RELIGIEUSE




Importance du problème de l’origine des religions. — Universalité des croyances religieuses ou superstitieuses. — Variabilité des religions et évolution religieuse.
I. — Théorie idéaliste qui attribue l’origine des religions à l’idée d’infini. — Hénothéisme de M. Max Müller et de M. de Hartmann. — Instinct du divin de M. Renan.
II. — Théorie du culte des morts et du spiritisme. — Herbert Spencer. — Objections de Spencer à la doctrine de l’animation des forces naturelles.
III. — Réponse aux objections. — Physique religieuse à forme sociologique, où les rapports des forces sont remplacés par des rapports de volontés bienfaisantes ou malfaisantes. — Sociomorphisme des peuples primitifs.


La genèse des religions a une importance plus grande que toute autre question historique : ce n’est pas seulement la vérité de faits et d’événements passés qui s’y trouve engagée, c’est la valeur de nos idées et de nos croyances actuelles. Chacun de nous a quelque chose en jeu dans ce débat. Les raisons qui ont jadis produit une croyance sont encore le plus souvent celles qui la maintiennent de nos jours ; se rendre compte de ces raisons, c’est donc, sans le vouloir, porter un jugement favorable ou défavorable sur la croyance elle-même. L’histoire, si elle était jamais complète, posséderait ici le pouvoir d’effacer dans l’avenir ce qu’elle n’aurait pas justifié dans le passé. Fixer parfai-