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XIV
INTRODUCTION

et nous verrons qu’elle suppose tout sans rien démontrer. « Le temps, dit Kant, n’est pas un concept empirique ou qui dérive de quelque expérience. En effet, la simultanéité et la succession ne tomberaient pas elles-mêmes sous notre perception si la représentation du temps ne leur servait a priori de fondement. » Selon nous, comme selon Guyau, c’est juste l’opposé de l’ordre réel. L’animal a d’abord, en fait, une représentation, puis une succession de représentations, puis une représentation des représentations qu’il a eues, et cela, dans un certain ordre imposé ; il a par conséquent une représentation de la succession des représentations ; enfin cette succession prend la forme du temps en vertu de lois comme celles qui font que l’impression d’une aiguille enfoncée dans les chairs prend la forme de la douleur, sans qu’on ait cette forme a priori dans la conscience ni aucune notion a priori de la douleur. Que la représentation du temps ne précède pas les autres représentations chez l’animal, c’est incontestable ; quant à dire que les conditions de la représentation ultérieure du temps la précèdent, c’est enfoncer une porte ouverte. Il est clair que les conditions de tout phéno-