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THÉORIE EXPÉRIMENTALE ET THÉORIE KANTIENNE

III. — Les disciples contemporains de Kant, renonçant à l’intuition pure, se contentent, avec plus de modestie, de poser le temps comme simple « loi de la représentation ». Ils n’en appellent pas moins l’espace et le temps, « les forteresses imprenables de l’apriorisme », et ils prétendent que les partisans de la genèse expérimentale veulent « tout ramener à l’expérience sans aucunes lois pour la régir, et dès lors sans possibilité pour la constituer elle-même et pour la comprendre[1]. » — Mais où voit-on que les partisans de l’expérience, par exemple Guyau, considèrent l’expérience comme n’étant soumise à aucune loi ? Et en quoi l’existence d’une loi expérimentale prouve-t-elle l’existence d’une forme a priori ? C’est une loi que, si je regarde une croix rouge, j’éprouverai la sensation du rouge, et que, si je reporte les yeux sur du blanc, une teinte verte remplacera le rouge ; en faut-il conclure que les formes du blanc, du rouge, du vert et de leurs combinaisons soient a priori, sous prétexte qu’elles tiennent à la constitution cérébrale ? Les lois qui nous font éprouver telle sensation

  1. Renouvier, Logique, I. 314.