Page:Guyau - La Morale d’Épicure et ses rapports avec les doctrines contemporaines.djvu/107

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CHAPITRE III


LA TRANQUILLITÉ EN FACE DE LA MORT.


THÉORIE ÉPICURIENNE DE LA MORT, ET SES RAPPORTS AVEC LES THÉORIES CONTEMPORAINES


I. — Des idées antiques sur la mort au temps d’Epicure. Conception de la mort par analogie avec le sommeil. Croyance qu’il existe une conscience vague chez le mort comme chez l’homme endormi. Le tombeau conçu comme une espèce de demeure et d’habitation. Que les enfers des anciens ne sont autre chose que le tombeau agrandi. Horreur qu’inspiraient aux anciens ces idées sur la mort. Comparaison avec nos idées modernes sur ce sujet.
II. — Que la crainte de la mort, suivant Epicure, n’est pas rationnelle, et qu’elle est simplement l’effet de l’imagination. Que la mort en elle-même n’est point un mal. Le temps qui s’écoulera après notre vie doit-il nous effrayer plus que ne nous effraie celui qui s’est écoulé avant notre naissance ? Rapprochement de ces doctrines d’Epicure avec celles de Schopenhauer, de Strauss, de Buchner, de Bentham, de Bain, etc. — Comment Epicure se trouve logiquement amené à une très-curieuse théorie : le bonheur est indépendant de la durée, et l’immortalité même n’augmenterait pas notre bonheur. Analogie de cette théorie avec celle de Feuerbach.
III. — La mort, si elle n’est pas à craindre, est-elle à désirer ? Hégésias prédécesseur des pessimistes modernes. Opposition d’Epicure avec Hégésias. La mort, si elle n’est pas un mal, n’est pas non plus un bien. Des cas dans lesquels le sage peut par exception recourir au suicide. — La mort d’Epicure et sa dernière lettre.
IV. — Originalité de la doctrine d’Epicure. Qu’un certain nombre des objections qu’on lui a adressées ne l’atteignent pas. Qu’au point de vue de la doctrine du plaisir, la théorie d’Epicure sur la mort est plus conséquente qu’on ne l’a cru. Pourquoi l’épicurien peut dans une certaine mesure envisager la mort sans crainte. A quelle condition seulement l’immortalité serait possible. — Qu’il y a deux manières différentes de craindre la mort, et qu’Epicure a eu tort de ne pas les distinguer.

L’idée dominante de la philosophie d’Epicure, telle que nous la connaissons déjà, c’est l’idée d’affranchissement, de libération intellectuelle et morale ; mais l’homme, une fois délivré des dieux de la fable ou du destin de