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LIVRE III


LES VERTUS PRIVÉES ET PUBLIQUES
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CHAPITRE PREMIER


LE COURAGE ET LA TEMPÉRANCE. — L’AMOUR ET L’AMITIÉ.

GENESE DE L’AMITIÉ. — LA CONDUITE DU SAGE DANS

LA SOCIÉTÉ HUMAINE.


Que les vertus sont simplement, selon Epicure, des moyens pratiques pour réaliser l’idéal humain, à savoir le bonheur dans la sérénité et la liberté.
I. — Vertus privées. — Le courage ramène à la prévoyance et à la résignation. — La tempérance. — Que cette vertu est le fond même de la morale épicurienne et de toute morale utilitaire.
II. — Vertus sociales. — Théorie épicurienne de l’amour. — Sa conformité avec les idées antiques. — Ses analogies avec les doctrines du stoïcisme et du christianisme. — L’amitié. — Son utilité pratique, suivant Epicure. — Plaisir nouveau qui naît de l’amitié même, plaisir d’aimer. — Genèse de l’amitié, suivant Epicure : comment nous pouvons en venir à aimer nos amis comme nous-mêmes. — Rapprochement entre une page de Cicéron et une page de Bentham. — Rôle prédominant qu’acquiert l’amitié dans le système épicurien. — Pourquoi la vertu épicurienne est essentiellement sociable. — Insuffisance finale de la théorie d’Epicure sur l’amitié. — Comment elle se transforme chez ses successeurs, par une évolution qui a été généralement mal comprise. — 1o L’amitié fondée sur un pacte mutuel. — 2o L’amitié fondée sur l’habitude. — Genèse nouvelle de l’amitié, qui rappelle en sa simplicité primitive les analyses complexes de Stuart-Mill et de Bain.
III. — Conduite de l’épicurien en face des hommes libres et des esclaves. — L’aménité épicurienne. — Dédain des honneurs, abstention politique. — Dédain des richesses allié au souci d’une certaine aisance. — L’as d’Epicure. — Le sage doit-il mendier ?

Nous avons analysé dans son ensemble la conception épicurienne du bonheur ; nous avons suivi le mouvement qui élève peu à peu Epicure, parti des plaisirs du ventre, jusqu’à la sérénité de l’esprit, jusqu’à la liberté consciente de soi et s’affirmant même