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Page:Guyot - L'Inventeur.djvu/226

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oracle. Nous avons appris à faire bon marché de l’infaillibilité humaine ; à force d’avoir été trompés, nous ne croyons plus tout sur parole ; nous voulons discuter et examiner librement toutes les affirmations et nous ne reconnaissons plus maintenant à nul le droit de condamner l’avenir au nom du passé.

III

Comment, en effet, reconnaîtrons-nous ce droit à qui que ce soit, quand nous avons vu les savants nier successivement toutes les grandes découvertes modernes qui sont maintenant des faits accomplis ? Il n’y a qu’une chose qui m’étonne, c’est que tant de soufflets donnés coup sur coup aux dénégateurs n’aient pas corrigé leurs successeurs de cette manie ; c’est qu’il se trouve encore des gens assez hardis pour dire et répéter tous les jours : « Cela n’est pas, cela ne peut pas être. » N’ont-ils pas présentes à l’esprit tant de découvertes dont on a parlé de même et qui cependant existent et sont même très-vivaces ? C’est une preuve que la sagesse des nations est mille fois sage quand elle dit : a L’exemple du prochain ne corrige personne. » Mais la paresse est une si bonne chose et qu’on a tant de peine à quitter l Qui ne sacrifie toujours l’avenir au moment présent ? Qu’importe que dans vingt-cinq ans on se moque de moi ou qu’on s’indigne contre moi, dit chaque académicien, si une machine, un nouveau fait scientifique, une loi nouvelle que j’aurai niés, viennent à réussir ? Je préfère et de beaucoup ce petit malheur posthume à la fatigue présente. Au diable un examen sérieux ; la vie est courte et l’éternité est longue.

Aussi l’académicien, fort de son titre et de sa position inexpugnable, répète-t-il au sujet des novateurs et des novations ces paroles de Guizot : « Je les honore de mon dé-