Page:Guyot Desfontaines - La Voltairomanie.djvu/33

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

coups de bâton, dans l’eſperance que l’outrage & la douleur lui inſpireroient du courage, puiſqu’ils en inſpirent aux plus lâches ; mais la prudence du Poëte redoubla, à proportion des coups qu’il reçut ; ce qui fit que l’homme qui l’avoit accompagné, s’écria, en s’adreſſant à l’Officier : »

Arrêtez, arrêtez l’ardeur de votre bras,
Battre un homme à jeu ſûr n’eſt pas d’une belle ame,
Et le cœur eſt digne de blâme
Contre les gens qui n’en ont pas.

« L’Officier alors, après avoir ainſi diſpoſé le Poëte à ſes remontrances, Sectateur des Muſes, lui dit-il, apprenez qu’il eſt plus important d’être ſage, qu’il n’est néceſſaire d’être Poëte, & que ſi les Lauriers du Parnaſſe mettent à couvert de la foudre, ils ne mette point à l’abri des coups de bâton. En diſant ces mots, il jetta dans un champ celui qu’il avoit en main. Mais, ô prodige ! ce bâton devint dans l’instant même un arbre, &c»

Vous jugerez comme il vous plaira ce morceau de l’Ouvrage de M. de S. Hyacinthe ; vous voyez du moins par là, qu’il y a long-tems que les folies & les triſtes avantures de notre Poëte ont retenti dans l’Europe.