Page:Guyot Desfontaines - La Voltairomanie.djvu/9

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Quel Prothée que Voltaîre ! Ne croiroit-on pas en liſant ces paroles, que c’eſt l’homme du monde le plus ſage, le plus circonſpect, le plus modéré ? Ne le, Prendroit-on pas pour un Caton, pour un homme qui a des mœurs, qui eſt à couvert des haine perſonnelles, & qui ne cherche qu’à rendre reſpectable la profeſſion des Lettres ? Né s’imagine-t-on pas qu’il eſt incapable de rien faire, qui puiſſe lui attirer des réponſes, & le rendre le joüet des ſots ? Mais cet homme, qui aſpire à être le Maître du pulic, & qui nous donne de ſi belles leçons, eſt le Philoſophe de la Comédie, qui débite la plus belle morale du monde ſur la douceur & la modération, & qui à l’inſtant ſe met en fureur ſans ſujet, & en vient aux mains.

Comment n’a-t’il pas-rougi de la ſeule idée de l’horrible Lettre qui eſt à la fin de ſon Libelle ? Croira-t’on que celui qui fait aujourd’hui un ſi honteux reproche à M. l’Abbé D. F. eſt celui-là même, qui fit ſon apologie il y a 13 à 14 ans, & qui démontra dans un petit Mémoire dreſsé par lui même, la fauſſeté & l’abſurdité de l’accuſation ? Il le fit à la ſollîcitation de feu M. le Président de Bernières, qui par complaiſance le logeoit alors chez lui & que Voltaire.