Page:Gwennou - Santez Trifina.djvu/17

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ne pas lui imposer de sujet. Rappelez-vous les fortes paroles de M. Gaston Paris au banquet de Ploujean :

« La tragédie de Saint-Gwénolé et les œuvres analogues expriment, disait-il, la religion d’un autre age. Mais, puisque la capacité de sentir et de rendre les formes dramatiques des idées religieuses est dans l’âme du peuple breton, pourquoi ne l’emploirait-elle pas à interpréter des œuvres inspirées par ce qui, d’après Tolstoï, est la religion de notre temps, l’union des hommes avec Dieu et en Dieu ? Il me semble qu’il y a là, pour les poëtes bretons, une inclination a produire des œuvres qui pourront renouveler, non seulement le théâtre breton, mais le théâtre en général, des œuvres religieuses au sens que je viens d’indiquer et qui, comme les vieux mystères, seraient jouées par des acteurs populaires et écoutées par le peuple breton avec un sentiment vraiment religieux. »

Le cycle dramatique que M. Gaston Paris son liait ait de voir s’ouvrir, ce n’est pas, j’en ai peur, lt pièce de Guennou qui l’inaugurera. Elle reste à mi-côte du passe et du présent ; elle n’est ni franchement antique ni franchement moderne. La faute en est aux circonstances, non au poëte. D’admirables scènes, de grandes beautés de détail, une logique de construction et une pureté de langue qui n’étaient point dans la vieille tragédie populaire, c’est ce qu’on trouvera du moins dans la Tréphine de Guennou. J’y vois, pour mon compte, une excellente pièce de transition.


Charles Le GOFFIC.
Paris, le 12 juin 1899.