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VII


Septembre arriva, et la sécheresse bienvenue du temps des foins persista et devint une catastrophe. À en croire les Chapdelaine il n’y avait jamais eu de sécheresse comme celle-là, et chaque jour quelque raison nouvelle était suggérée, qui expliquait la sévérité divine.

L’avoine et le blé jaunirent avant d’avoir atteint leur croissance ; le soleil incessant brûla l’herbe et les regains de trèfle, et du matin au soir les vaches affamées beuglèrent, la tête appuyée sur les clôtures. Il fallut les surveiller sans répit, car même les maigres céréales encore sur pied tentaient cruellement leur faim, et pas un jour ne s’écoula sans que l’une d’elles ne brisât quelques pieux pour tenter de se rassasier dans le grain.

Puis le vent tourna brusquement un soir, comme épuisé par une constance si rare, et au matin la pluie tombait. Elle tomba irrégulièrement pendant une semaine, et quand elle s’ar-