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MARIA CHAPDELAINE

— C’est toi toute la visite que nous avons eue aujourd’hui, dit le père Chapdelaine. Mais je pense bien que tu n’as vu personne non plus… J’étais bien certain que tu viendrais veiller.

— Comme de raison… Je n’aurais pas laissé passer le jour de l’an sans venir. Mais en plus de ça j’avais des nouvelles que je voulais vous répéter.

— Ah !

Sous les regards d’interrogation convergeant sur lui il continuait à baisser les yeux.

— À voir ta face, je calcule que ce sont des nouvelles de malchance.

— Oui.

La mère Chapdelaine se leva à moitié avec un geste de crainte.

— Ça serait-il les garçons ?

— Non, madame Chapdelaine. Esdras et Da’Bé sont bien, si le bon Dieu le veut. Les nouvelles que je parle ne viennent pas de ce bord-là ; ça n’est pas un parent à vous, mais un garçon que vous connaissez.

Il hésita un instant et prononça le nom à voix basse.

— François Paradis…

Son regard se leva un instant sur Maria, pour se détourner aussitôt ; mais elle ne remarqua même pas ce coup d’œil chargé d’honnête sympathie. Un grand silence s’était appesanti